France-Soir
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Sans débat ni amendement, alors qu'elle pourrait relancer l'usage de pesticides nocifs, La loi Duplomb a été propulsée vers la commission mixte paritaire ce lundi 26 mai. A l'Assemblée, la majorité formée du centre à l'extrême droite a préféré couper court à l'examen du texte en adoptant une motion de rejet, contournant ainsi des milliers d'amendements déposés par la gauche.
Le texte sera désormais négocié à huis clos, entre sept députés et sept sénateurs, sans que le reste des élus ne puisse y toucher. Derrière cette manœuvre parlementaire, un parfum de coup de force flotte dans l'hémicycle. « Le rapporteur porte une motion de rejet contre son propre texte. Les partisans de cette loi préfèrent annuler les débats plutôt que de voir le mot cancer être prononcé dans l'hémicycle », s'est indignée Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste. Comme le rapporte Reporterre, cette loi menace de relancer l'usage de néonicotinoïdes interdits, d'ouvrir la voie à l'épandage par drone et de fragiliser l'Anses, l'agence de régulation des pesticides. En toile de fond, les revendications assumées de la FNSEA, puissant syndicat agricole, dont le sénateur et instigateur du texte, Laurent Duplomb, est un ancien cadre.
Face à ce passage en force, les Insoumis ont dénoncé un « 49.3 déguisé » et brandi dans l'hémicycle les noms de victimes des pesticides : agriculteurs, techniciens, riverains, tous frappés de maladies graves. Mais leurs pancartes ont été confisquées aussi vite que les amendements ont été balayés. Pendant ce temps, les tracteurs de la FNSEA rentrent à la ferme, satisfaits du court-circuit parlementaire.